Le Printemps latino-américain

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Alors que l’Europe s’enfonce dans une crise terrible et dangereuse, l’Amérique latine vit depuis une dizaine d’années un véritable renouveau social et démocratique.

Et pourtant... Les politiques austéritaires des années 1990 avaient ravagé le continent et provoqué des soulèvements populaires en Argentine, en Équateur, en Bolivie, au Venezuela... Ces mêmes politiques destructrices, malgré leur nocivité, sont aujourd’hui appliquées en Europe.

En Amérique latine, dans de nombreux pays, les mouvements populaires ont imposé de vrais changements, des processus constituants, afin de remettre à l’endroit les États. Dans un cadre pleinement démocratique, par la voie électorale, ils ont porté au pouvoir une génération, sans précédents dans l’histoire, de dirigeants et de gouvernements progressistes. En 10 ans, ils ont sorti de la pauvreté 50 millions de personnes, construit écoles et centres de santé gratuits partout où cela était nécessaire.

Ces processus d’émancipation, dans leur diversité, se réclament pour certains du "socialisme du XXIe siècle", pour d’autres de politiques de progrès social et de souveraineté nationale. Tous mettent en œuvre des options redistributives, d’inclusion sociale, de souveraineté économique, de renforcement de l’État et de son rôle, de contrôle des marchés, de préservation des écosystèmes... Ils réintroduisent du partage, du bien commun, du service public...

Réunis en novembre 2012 à Cadix, pour un "Sommet ibéro-américain", la plupart des pays d’Amérique latine ont sévèrement critiqué l’Europe pour ses recettes « néolibérales » délétères. L’Europe est devenue désormais un contre-modèle. Cet extraordinaire renversement des rôles mérite que nous tournions nos regards vers ces laboratoires, vers cette recherche d’une nouvelle civilisation humaine. Les communautés indiennes appellent cela le "vivre bien", ensemble, et solidaires.

Marielle Nicolas